Récits

Les limbes incandescents

Traduction Patrick Mayoux

Le Livre

1990

Récit
20 x 14 cm
176 pages
Livre broché
Éditions Denoël, Paris, première édition 1976

À l’arrière-plan de ce livre, bien plus qu’une conception de la littérature, il y a une sorte de yoga. […] On pourrait se le figurer comme une danse entre deux mondes ; c’est en dansant cette danse qu’un homme se porte d’une aliénation radicalement éprouvée jusqu’à… autre chose. Quant à la construction, j’ai souvent eu présent à l’esprit le dessin d’un jardin de pierres japonais traditionnel – fait au petit bonheur, dirait-on, et cependant doté d’harmonie interne et de nécessité. J’ai disposé et redisposé les pierres de ce jardin. […] Mais l’époque c’est la nôtre, et le lieu c’est la ville […]. Le livre s’étend sur huit années environ, à part quelques notes qui remontent à onze ans, avant que ce passage de chambre en chambre [dans Paris et sa banlieue] ne m’ait donné l’idée d’une certaine organisation. […] Le tout : un seul et même mouvement, une seule et même danse. Donc, onze ans, sept chambres. […] Dans un monde d’accumulation et d’agrégation, c’est un homme dés-agrégé qui parle.

Préface de l’auteur.

Extrait

On me considère toujours comme un Écossais. Pourtant je suis esquimau, par naturalisation. Et cette nationalité elle-même n’est qu’une convention de passeport, en fait, je suis hyperboréen. Personne ne sait rien des Hyperboréens. L’Hyperboréen est un homme en chemin erratique vers une région située par-delà. Les gens ne voient que l’erratique (les pierres qu’il laisse sur son chemin), mais lui voit par éclairs la région par-delà. De ce qui se trouve par là-bas, aucune définition n’est possible. On est à vingt mille lieues de toute civilisation.

Extrait du chapitre « Brève introduction aux études eskimo ».

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