Expériences

1963-65

Retour en Écosse, à Glasgow, qui compte toujours beaucoup pour lui (bas-fonds, souterrains, labyrinthes). Assistant, puis maître-assistant au département de français de l’université, où il enseigne la poésie du XXe siècle et les Encyclopédistes. Fonde un groupe para-universitaire, le Jargon Group, louant, par économie et humour noir, une salle dans un vieux bâtiment promis à la démolition, pour conférences, débats, lectures de poèmes. Parle en termes de révolution culturelle (sans référence à Mao). Errances dans la ville. Son deuxième livre, En toute candeur, paraît au Mercure de France, à Paris.

1966

Un livre de prose et un livre de poèmes, Letters from Gourgounel, le livre de son expérience ardéchoise, et The Cold Wind of Dawn, au titre très nietzschéen, paraissent simultanément chez Jonathan Cape, à Londres. Reçus comme étant « en dehors des normes de la littérature anglaise contemporaine ».

1966-67

Vit à Édimbourg, fréquentant les œuvres de Stevenson, de De Quincey et d’autres voyageurs de l’esprit. Parmi les auteurs contemporains ne s’intéresse qu’à Hugh MacDiarmid, qu’il rencontre et avec qui il correspondra jusqu’à la mort de ce dernier. Travaille à un long poème, Le Grand Rivage, qui résumera son itinerarium mentis jusqu’à cette époque. A l’impression d’avoir dépassé son conditionnement historique et d’avoir trouvé les grandes lignes de sa géographie.

1967-68

Décide, pour des raisons intellectuelles et culturelles, de quitter la Grande-Bretagne pour de bon. Démissionne de son poste à l’université de Glasgow et vient s’installer en France, dans les Pyrénées-Atlantiques, où il recommence à zéro. Lecteur d’anglais à l’université de Bordeaux à Pau. Fonde un groupe et un journal, Feuillage, dont les activités sont mal vues par les autorités universitaires locales. Participe à mai 68 à sa manière – sans appartenance, sans étiquette, son slogan : Pas Mao, le tao ! –, et se voit écarter de l’université. Les étudiants protestent. Le dernier jour, il voit que quelqu’un a fixé un brin d’herbe, une « feuille d’herbe » à la Whitman, sur la porte de son casier. En été et en automne, fait de longues promenades sur les plages des Landes. 

1968-69

En chômage (sans allocation) à Pau. Écrit et étudie beaucoup, face aux Pyrénées, dont il contemple sans se lasser la ligne déchiquetée et les sommets couverts de neige. Un livre de poèmes intitulé The Most Difficult Area (« la région la plus difficile ») paraît à Londres, mais son éditeur, ne se contentant pas de poésie, lui conseille d’écrire un petit (ou mieux un gros) roman pour se faire mieux connaître. Écœuré, il refuse. En Grande-Bretagne, à partir de cette date, son nom s’entoure de silence. Il ne fait rien pour tenter d’y remédier, persuadé, avec Wilde et Yeats, que la littérature anglaise est vouée à un sommeil de longue durée.

1969-73

Au Mandala

Lecteur d’anglais à l’université « gauchiste » de Paris-VII. Retrouve l’enseignement (à sa manière) avec plaisir. Statut de lecteur, c’est-à-dire sans statut, mais remplit les fonctions de maître-assistant et de maître de conférences. Organise des activités para-universitaires (conférences, lectures de poèmes) autour d’un journal, The Feathered Egg. Organise aussi des soirées-lectures au restaurant Mandala et à l’International House avec le comédien Jean Ganeval et le musicien José Ponzone. Pendant l’année 1970, seul à Paris, passant de chambre en chambre, termine Les Limbes incandescents.

1973-75

Maître de conférences associé (poste réservé aux enseignants étrangers) à Paris-VII. Fonde un séminaire de recherche « Orient-Occident », qui sera connu familièrement sous le nom de « Séminaire de la montagne froide » (en pensant à Han Shan) ou, « Séminaire du vieil étang » (en pensant à Bashô). Beaucoup d’errances dans les champs du hasard du côté d’Amsterdam, de Barcelone et d’autres ports d’Europe. On les retrouvera dans Dérives. Séjour à Hong Kong où il travaille comme dialoguiste au film franco-américano-chinois de Pierre Rissient, One Night Stand. S’ensuivent plusieurs autres voyages en Asie du Sud-Est (Taïwan, Thaïlande…). L’Orient l’a toujours fasciné, un Orient mental, mais il aime aussi se plonger dans la réalité quotidienne. Commence à écrire Le Visage du vent d’est.

1976

Le poste de maître de conférences associé n’étant plus, par une nouvelle décision, attribué que pour deux ans, White se retrouve lecteur – tout en continuant d’assurer son enseignement de maître de conférences et de directeur de recherche. Il n’en est plus à un paradoxe près.

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