L’ermitage des brumes

Occident, Orient et au-delà
Entretiens avec Éric Sablé

suivi de L’Anorak du goéland — Haïkus

Le Livre

2005

Entretiens
17 x 10 cm
181 pages
Livre broché
ISBN 978-2844543189
Éditions Dervy , Paris

Parmi les Occidentaux qui se sont plongés dans la pensée et la poétique orientales, Kenneth White occupe une place à part. Chez lui, à une compréhension profonde s’allie une liberté de pensée qui dépasse l’attitude figée dans le respect sans tomber dans les facilités de la désinvolture.

Au cours de cinq entretiens : « Orient et Occident », « Hautes études », « Voyage », « La Pratique étendue », « Poétique », Kenneth White s’explique, expose son itinéraire, pratique ce qu’il appelle culture comparée et culturanalyse, afin de dégager un espace situé au-delà de l’Occident et de l’Orient considérés comme blocs opposés.

Ces cinq « conversations sur la côte » sont suivies d’un recueil de haïkus, L’Anorak du goéland, qui présente, à travers divers lieux, des moments vécus intensément dans cet au-delà qu’est le monde ouvert.

Présentation de l’éditeur .

Extrait

Ici, où la route devient champ

il n’y a ni Occident ni Orient

l’oiseau blanc

disparaît dans la brume.

Épigraphe du livre

Revue de Presse

Ce petit livre d’entretiens réalisés chez Kenneth White dans son ‘ermitage des brumes’ ou ‘maison des marées’ ou encore ‘atelier atlantique’ est intéressant à plus d’un titre.

Il l’est parce qu’il clôt – du moins jusqu’à présent – toute une part de l’œuvre qui s’est abouchée à l’Asie. Cet ouvrage reprend d’ailleurs en épigraphe, avec une traduction légèrement différente, un poème de Terre de diamant intitulé « In the Mountains of Taiwan ». Une Asie d’abord perçue comme ‘Orient’ puis, avec la sagacité et l’intelligence qu’on connaît à l’auteur, une Asie débarrassée de son manteau d’illusions. Depuis ce livre, l’Asie n’apparaît plus dans les récits et cheminements ; dans les essais, recherches et entretiens pas davantage ; enfin dans les poèmes, seuls deux textes des Archives du littoral (2011) font explicitement référence à l’Asie : Shaman Song et In the Kansai. Comme toute influence déterminante chez un grand auteur (et celle des textes asiatiques a débuté dès ses quatorze ans), arrive un moment où elle devient invisible parce qu’elle n’est plus objet mais matière même de l’œuvre et de la vie. Kenneth White a lu tout ce qu’il avait envie de lire sur l’Asie (même si, le connaissant, il se jette probablement sur de nouveaux textes qui lui auraient échappé jusque-là). Il a écrit tout ce qu’il voulait écrire sur les territoires mentaux et physiques de l’Asie. Il est allé au-delà de l’opposition et ce qu’il a appris de l’Asie, il le met en pratique dans son œuvre et dans sa vie.

Le dessin – fait par Kenneth White – que l’on retrouve sur la couverture de L’Ermitage des brumes est réalisé au pinceau et à l’encre de Chine. Il représente en deux traits un chemin qui se rapproche du lecteur en s’évasant du haut droit en diagonale ; sur la gauche du chemin un assez grand cercle qui vibre de son imperfection et, de part et d’autre de la voie par laquelle un personnage esquissé se rapproche, les mots « Kenneth White » « On the Haiku Path ». Par quoi on peut comprendre que l’auteur est toujours en chemin, qu’il a dépouillé le paysage mental de ses illusions et va vers un espace de plus en plus ouvert.

Régis Poulet

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