POÉSIE
Les archives du littoral
Traduction Marie-Claude White
Le Livre
2011
Poèmes, édition bilingue
20,5 x 14 cm
219 pages
Livre broché
ISBN 9782715232518
Éditions du Mercure de France, Paris
Le littoral : la limite entre continent et océan, lieu de phénomènes complexes – retraits et avancées, transgressions et régressions, une ligne variable, rythmes divers. C’est sur ce terrain que Kenneth White a basé sa poétique. Et c’est là, dans son poste de vigie, qu’il accumule ses ‘ archives ‘, documents qui suivent les lignes du monde, de l’Écosse à l’Alaska, de la Bretagne au Japon, écrits soit à la première, soit en adoptant le masque de tel ou tel personnage historique : navigateur, découvreur, et errant anonyme.
Avec toujours un langage approprié, allant de la musique pure et lointaine d’une pièce nô au ton familier et ludique d’une ballade d’un blues. Si elle est marquée par beaucoup de variations, l’oeuvre de White, une des plus cohérentes et des plus développées qui soient, poursuit une logique de fond, qui, avec chaque livre, s’amplifie et s’affine.
Présentation de l’éditeur .
Extrait
LANDRELLEC
Ils sont encore nombreux
les beaux paysages de ce monde
mais un des plus subtilement beaux
se trouve là-bas
vers Landrellec
sur la côte nord de la Bretagne
à la base, un chaos granitique
quant à la mer, sa couleur
est ce que l’on pourrait appeler
surtout au début du printemps
ou vers la fin de l’automne
un bleu improbable
il y a aussi cette rumeur qui monte
d’une blanche ligne de brisants
là-bas dans les lointains brumeux
où se découpent les archipels
des Triagoz et des Sept-Îles.
p. 179
Lire également en ligne Le Logos sur l’île de Lewis (bilingue) et Le rapport de McKenzie (bilingue).
Revue de Presse
Une des originalités de ce recueil est que l’auteur s’y soit comporté autant en promeneur qui hante les rivages et qui rit sur l’estran, qu’en collecteur de bois mort sous la forme de manuscrits trouvés dans des bibliothèques. Comme Ovide dont l’exil au bord de la mer Noire revient de temps à autre sous sa plume, Kenneth White porte ses pas aux lieux de rencontre entre fleuves et mers dans Le delta du Danube ou Le delta de la Frazer. Mais la même érudition et fréquentation des bibliothèques qui avait permis au pérégrin de trouver la carte de Guido a permis la ‘découverte’ de documents dans les archives de Novgorod. Un poème presque éponyme (Autrefois, à Novgorod) évoque ce cœur de la Russie irradiant dans toutes les directions vers l’Asie, vers l’Europe, et lieu de rencontre entre peuples de tous temps et de toutes origines. Preuve s’il en fallait que les rivages sont aussi ceux du temps et qu’il n’est point besoin de l’océan pour que les peuples, pour que le vent et les vastes fleuves ne parlent de limites fluctuantes. Car dans les poèmes de White, rien n’est fixe : une chaîne de montagne s’efface devant le passage migratoire d’un « grand banc de baleines » (Vision). Son recueil n’est pas de paroles gelées : il propose même un Glossaire de la glace !
Régis Poulet, [extrait] La Revue des Ressources, « Autour de nous croît ce qui sauve — une lecture des ‘Archives du littoral‘« .