Essais

Lettre ouverte du Golfe de Gascogne

Quelques propos insolites sur la société, la culture et la vie de l’esprit

Le Livre

2021

Essai
23 x 15 cm
56 pages
Livre broché
ISBN 9791095492290
Éditions Zortziko, Anglet

Définir, situer Kenneth White n’est pas chose aisée. Plusieurs formules ont circulé ces dernières années : « Écossais d’origine, Français d’adoption », « Européen erratique », mais elles n’ont qu’une validité approximative. C’est que White navigue, non pas à vue, mais d’un compas sûr, en dehors des zones de fréquentation habituelle. Puis il y a l’immensité et la variété de son œuvre. Porteuse d’érudition multiculturelle, de philosophie occidentale-orientale et d’une force d’expression rare. Cette œuvre parcourt des territoires divers, en traversant les domaines séparés de l’essai, du récit et de la poésie. Dans cette « lettre ouverte », s’il s’adresse d’abord à un contexte pandémique, il en fait le point de départ pour l’exploration d’un espace fondamental inédit. Le résultat est un texte à la fois perspicace, marquant et inspirant.

Présentation de l’éditeur

Extrait

On était loin, là, de la poétique du monde. On nageait en plein dans le socioculturel.

Or, s’il y a une chose qui m’ennuie, que je trouve parfaitement inutile, et même néfaste, c’est bien le socioculturel. Non pas que je me désintéresse de la culture et de la société. Au contraire. Mais c’est dans l’absence générale d’un vrai questionnement, d’une vraie recherche et de vraies découvertes concernant la société et la culture, dans le creux laissé par leur retrait, qu’a pris place le socioculturel.

Pour être concret, je dirais qu’il vaut mieux, dans une salle de classe, donner aux élève la notion de ce qu’est un véritable écrivain que de faire bavarder devant eux un écrivain médiocre, aussi sympathique soit-il. Il vaut mieux parler de Dante, de Hölderlin ou de Rimbaud que d’inviter à « s’exprimer ». des enfants qui n’ont encore dans l’esprit que fantasmes et fantaisies. Ce genre de « création » ne contribue pas à leur développement, il aboutit au contraire à une complaisance dans l’état infantile. Bien sûr, savoir ce qu’est un « véritable écrivain » (il ne suffit pas de se référer à un panthéon établi), connaître et pratiquer l’art de présenter une oeuvre vive et profonde, est autrement plus difficile que de signer un contrat socioculturel. C’est parce que la « grande éducation » était considérée comme trop difficile, et parce que, dans les faits, on n’en pratiquait souvent que la caricature qu’on a mis à sa place le socioculturel.

Extrait, pp. 44-5.

Revue de presse

Ayant fourbi sa pensée sur les bancs de l’université de Glasgow, les promenades dans les collines attenantes et les déambulations dans les labyrinthes de l’esprit, Kenneth White a développé une œuvre de gai savoir parmi les plus enthousiasmantes de notre temps décomposé.

Dans le contexte psycho-socio-politique du moment, comment penser l’idée européenne ? Sûrement pas à la façon du think thank Da Empoli, dont l’auteur du Plateau de l’Albatros, introduction à la géopoétique (Grasset, 1994) montre point par point la pauvreté des propositions, mais bien plutôt à la façon de l’essai de résistance culturelle, Une Stratégie paradoxale (Presses Universitaires de Bordeaux, 1998) et du narratif La carte de Guido (Albin Michel, 2011) relatant les étapes d’un pèlerinage européen.

Il faut faire l’expérience du paysage, penser avec tous les temps, tous les lieux, naviguer sans cesse, « ouvrir un autre espace existentiel, intellectuel, social » que ce qu’impose le pouvoir politico-médiatique actuel.

Où sont aujourd’hui les lieux de l’esprit ?

Il convient de quitter les subjectivités étroites pour ce qui nous lie profondément, et d’aller vers un élargissement considérable, une transformation radicale.

Fabien Ribery, Blog [extrait]

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