Mémorial de la terre océane

Traduction Marie-Claude White

Le Livre

2019

Poèmes, édition bilingue
20,5 x 14 cm
200 pages
Livre broché
ISBN 978-2-7152-5310-0
Éditions du Mercure de France, Paris

En tout temps, le propos de toute poétique lucide et conséquente a été de créer un rapport substantiel entre l’être humain et la Terre. A une époque où l’on parle de sauver la planète, où les discours écologistes abondent, manque, de toute évidence (mais qui sait voir ?) une parole à la fois profonde, intellectuellement et culturellement fondée, et spacieuse, c’est-à-dire faisant respirer l’esprit.
Les livres publiés par Kenneth White au Mercure de France depuis la fin du XXe siècle – Les Rives du silence, Limites et Marges, Le Passage extérieur, Les Archives du littoral – vont tous dans ce sens. C’est dans ce Mémorial de la terre océane qu’ils trouvent leur apogée.

Présentation de l’éditeur .

Extrait

LE SÉMINAIRE DES SABLES

1. Cosmologie

En premier lieu

une sensation

d’espace et de clarté

ensuite

au moyen de l’abstraction topologique

une géométrie

qui répond

à la tendance innée de l’intellect

vers une unité complète

et une difficile harmonie.

2. Littoralité

Ce qui résonne

quand la mer

avec ses longueurs d’onde lyriques

et sa rude rumeur blanche

remonte avec force

ponctuée

par une multitude de cris excités.

3. Écriture

C’est lorsque la mer

se retire à nouveau

ligne brisée sur le lointain horizon

laissant une étendue sablonneuse

de pensée expansive

jonchée de varech.

pp. 39-40.

Revue de Presse

Dans ce qu’il considère comme « peut-être (s)on opus poeticum ultimum  », Kenneth White livre, avec ce « Mémorial de la terre océane  », une sorte de testament philosophique, évoquant de manière personnelle, et quintessentielle à la fois, un engagement intellectuel exigeant tout autant que le parcours sensible d’une vie. 

Le terme même de « mémorial  » exprime bien l’idée d’un livre relatant des faits mémorables et dont on souhaite consigner le souvenir mais aussi un monument élevé en l’honneur de ce que l’on souhaite célébrer. Ici, c’est du monument de l’esprit dont il s’agit, en un temps, « la fin de la modernité  », marqué par « la relativité générale  », « la robotisation de l’humanité  » et l’insignifiance de l’art. Face à cette réalité amorphe, qui est celle de l’humanité actuelle, White réaffirme avec force et exigence une attitude créative et lucidement orientée vers un nouveau champ d’énergie vive : « Pour ma part  », rappelle-t-il, « je reste fidèle à la Terre, convaincu que cette situation extrême peut être le lieu d’une activité de l’esprit à la fois plus large et plus fine  ».

L’engagement de Kenneth White dans une voie poétique marquée par un certain rapport à la Terre est ancien et fondateur d’une vision du monde profonde et de grande envergure qui dépasse les préoccupations strictement écologiques de notre temps, ou plutôt les intègre dans la perspective plus globale d’une redéfinition des interactions entre nature et culture, au sein d’une philosophie que l’auteur définit lui-même dans plusieurs de ses précédents ouvrages comme une théorie pratique qu’il a nommée « géopoétique ».

Le projet géopoétique, initié et développé par Kenneth White au fil des années et des pérégrinations, désigne donc à la fois un « espace mental  » et un « champ d’énergie poétique  » qui se déploient de manière complexe et multiple. 

Cécile Vibarel, La Revue des Ressources. (Extrait)

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