Essais

Un monde à part

Cartes et territoires

Le Livre

2018

Essai
17,8 x 11,4 cm
192 pages
Livre broché, cousu
ISBN 978-2-940517-79-4
Éditions Héros-Limite, Genève

On commence par la cartographie, c’est à dire la tentative de dessiner les lignes de la terre : l’histoire et les expériences de cette science. Ensuite on explore quelques territoires, depuis l’Écosse jusqu’au Gange, en passant par les pays baltes, la mer Noire, les steppes russes et l’Asie centrale. Ce qui se profile en fin de voyage, c’est un monde. Un monde à part. Ce « monde à part » n’est pas ultramondain, c’est ce monde-ci, tel que l’on peut l’habiter, l’esprit desencombré de constructions imaginaires (toute la « fictionalité » de la nature humaine), grâce a une combinaison, une coopération de connaissances et d’expérience.

Quatrième de couverture..

Extrait

Ce qui est vraiment intéressant chez Tioutchev, c’est son silence. C’est un silence qu’il a pratiqué professionnellement pendant ses années du diplomate à Munich et à Turin, c’est un silence qu’il a maintenu aussi toute sa vie à l’encontre du monde littéraire, mais c’est surtout un profond silence philosophique. S’il lui arrive, le visage tourné vers le ciel, comme « sur la route de Vechtchiz », débloquer la vieille hypothèse de l’homme, « comme si là-haut devait se décider/ À grand secret on ne sait quoi », c’est pour se dire aussi, le regard tourné vers les alentours, que si la Nature est un sphinx, non seulement il ne faut pas en attendre une réponse, Il faut se rendre compte qu’elle ne comporte pas la moindre énigme.
Il n’y a pas d’e’énigme.
L’énigme fait partie de l’immaturité mentale.

Chapitre À travers la steppe pp. 80-81

Revue de presse

Depuis un demi-siècle, Kenneth White ne cesse d’explorer des mondes à partir de ses intuitions premières et de partager avec nous le fruit de ses découvertes. Par « monde », il faut entendre à la fois des espaces physiques et des espaces mentaux. Certains situés dans un espace-temps et d’autres qui ne sont dans aucun temps ni lieu. L’importance du « monde » est d’autant plus perceptible quand on met son contraire en regard : « l’immonde ». Un monde est ainsi ce qui nous permet non seulement de survivre mais de vivre pleinement. Force est de constater qu’un tel monde n’existe pas de nos jours ; d’où la nécessité d’en faire émerger un. « Un monde à part » dont White dit en préface :

« C’est ce monde-ci, tel que l’on peut le vivre, l’esprit désencombré de constructions imaginaires (toute la ’fictionalité’ de la nature humaine), grâce à une combinaison, une coopération de connaissance et d’expérience, à quoi il faut ajouter une expression, voire un style, qui n’est pas seulement celui de ’’ l’homme même ’’, mais celui de l’homme en dehors de l’homme. »

De plus en plus de lieux sur notre belle Terre sont devenus immondes (dystopiques ou cacotopiques). Le rapport au monde est de plus en plus pauvre, distant, à tel point qu’on croit nécessaire de nous proposer une réalité « augmentée ». Nous sommes nombreux, du moins de plus en plus, à nous rendre compte qu’il faut changer cela. Hormis la préoccupation écologique ou, à tout le moins, environnementale, qui est un bon début, il ne nous est proposé que de l’utopie (notamment post-humaniste et cybernétique) ou d’amender notre monde – comme si cela était à la hauteur de l’enjeu.

Pour relever ce défi d’inventer un nouveau monde, White a formé un projet auquel il a fini par donner un nom : la géopoétique.

Régis Poulet, « Retrouver la Terre en allée« , La Revue des ressources, (extrait).

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