Récits

La Route bleue

Traduction Marie-Claude White

Le Livre

2013

Récit
21 x 14,8 cm
160 pages
Livre broché
ISBN 9782360540730
Première édition : Grasset, 1983
Prix Médicis étranger 1983
Éditions Le mot et le reste, Marseille

Si le voyageur de la route bleue est sans idéal et sans engagement immédiat (il sait à quoi mènent les interventions trop hâtives), il est aussi sans espoir, ce qui signifie, en toute logique, qu’il ne peut jamais être désespéré. Son état d’esprit est celui d’une allégresse lucide. Quand j’étais jeune adolescent sur la côte ouest de l’Écosse, le poète-penseur dont je me sentais le plus proche était un certain John Milton. Dans un de ses essais, ce républicain cosmologue dit ceci : « Nombreux sont ceux qui s’occupent de circonstances, rares ceux qui remontent aux principes. Ô terre, terre, terre ! » Cela m’avait profondément marqué. Remonter aux principes… Les principes, ici, sur la route bleue, sont élémentaires, radicaux et extrêmes. Ils ont pour noms roche, vent, pluie, neige, lumière. Il s’agit, passage après passage, d’entrer en dernier lieu dans le grand rapport. C’est sur les routes bleues du monde que recommence, avec tout le reste, la vraie littérature.

Préface de l’auteur .

Extrait

Jetées, promontoires, caps. Je suis resté au bout de la jetée à regarder les mouettes. Cette danse blanche ! « Qu’est-ce que le chaoticisme, monsieur White ? » Un besoin de mots qui transmettent énergie et espace. Le bond dans une autre logique. Éroto-cosmologie. J’étais ivre de vent. Ivre de la grande rumeur blanche du Saint-Laurent. Ivre d’idées. Idées-poissons, idées-oiseaux. Pensée qui nage et qui vole. Philosophie océanique. Pourquoi écrire ? Pour ne pas devenir complètement fou de cette ivresse-là. De cette ivresse blanche qui est la source de toute véritable écriture.

Extrait du chapitre « Le vent à Sept-Îles »

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