Biographie
Plénitude 2002-2023
2002
Reçoit le prix ARDUA (ville de Bordeaux) pour l’ensemble de son œuvre. Prépare une édition anglaise complète de ses poèmes, qui paraîtra chez Polygon (Édimbourg) l’année suivante sous le titre Open World. Continue de suivre les migrations des oiseaux dans l’océan Indien.
2003
Colloque « Horizons de Kenneth White – littérature, pensée, géopoétique » à Bordeaux, dont les actes seront publiés en 2007 par les Éditions Isolato. Conférence à Tahiti dans le cadre d’un colloque sur Gauguin organisé par l’université de Polynésie française, suivie d’un périple insulaire. Colloque sur son œuvre à l’université de St Andrews, dont les actes seront publiés en 2005 par Alba Editions sous le titre : Grounding a World. Le film Sur la trace des esprits ailés, tourné par Michel Dupuy (Les Films du Moment) dans sa collection « Terre d’écrivains », reçoit la Citation littérature au festival international du film d’art et de pédagogie de l’UNESCO.
2004
Participe à une rencontre poétique internationale en Italie (Convegno Stresa-Orta) organisée par la revue Atelier. Colloque international de géopoétique à l’université de Genève. Conférence à Charleville-Mézières dans le cadre des manifestations organisées pour la commémoration du 150e anniversaire de la naissance de Rimbaud. Conférence sur Saint-John Perse à Paris dans le cadre d’un colloque organisé par la Sorbonne. Publie deux nouveaux livres en Grande-Bretagne : The Wanderer and his Charts et Across the Territories. Reçoit le prix Édouard-Glissant décerné par l’université de Paris-VIII pour son « ouverture aux cultures du monde ».
2005
Trois nouveaux livres sont publiés en France : Le Passage extérieur (poèmes), La Maison des marées (la vie dans son « ermitage breton » et aux alentours), L’Ermitage des brumes (entretiens sur son rapport à l’Orient, accompagnés d’une anthologie de ses haïkus). Conférences au colloque de Cerisy sur la Complexité, au Musée de la préhistoire aux Eyzies-de-Tayac, à Rennes pour l’inauguration de la Maison des sciences de l’homme, à Édimbourg au festival international du livre et en Écosse du nord, dans le cadre d’un Hi-Arts (Highlands and Islands) International Fellowship. Reçoit un doctorat honoris causa de l’Open University de Grande-Bretagne.
2006
Publication aux Éditions Albin Michel d’un nouveau livre de prose narrative basé sur divers voyages à travers le monde : Le Rôdeur des confins. Conférences : à la Cité des Sciences de Paris dans le cadre des journées Rêveurs d’univers ; au département d’Études ibériques et latino-américaines de l’université de Paris-III ; à l’abbaye de Bonport pour l’inauguration de l’exposition Monde Ouvert ; à Munich dans le cadre de l’exposition Open Art au Congrès mondial des géomètres ; au festival du Grand Bivouac d’Albertville. Reçoit le prix Bretagne pour La Maison des marées et l’ensemble de son œuvre. Nommé « Visiting Professor » à UHI (Université des Hautes Terres et des Îles) en Écosse. Publie le texte des conférences faites en Écosse en 2005 sous le titre On the Atlantic Edge.
2007
Publie Un monde ouvert, une anthologie de son œuvre poétique dans la collection Poésie/Gallimard ; Dialogue avec Deleuze (essai) et Les Finisterres de l’esprit (essai, édition revue et augmentée) aux Éditions Isolato ; Le Visage du vent d’est (réédition) chez Albin Michel. Une nouvelle étude sur son travail paraît en Écosse : The Radical Field par Tony McManus. Rencontre-lecture au TNP de Villeurbanne et au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. Conférences : à Paris dans le cadre des Conférences sur le voyage des Éditions Transboréal ; à Ullapool au festival du livre ; à Tournefeuilles au festival Histoire en toutes lettres ; à Combourg au festival Étonnants Romantiques (invité d’honneur) ; à Edinburgh au festival du livre ; à Stornoway au festival des Hébrides ; à Genève au festival La Fureur de lire ; au Festival du livre d’Inverness ; à Nantes au centre Ozanam. Présidence de la Biennale internationale de poésie à Liège, avec diverses interventions ; présidence d’honneur au Festival du livre de Bretagne à Guérande (conférence et lectures). Voyage en Alaska.
2008
Entreprend de faire le grand tri de ses manuscrits et de son courrier pour la constitution d’archives à l’IMEC (Institut Mémoires de l’Édition contemporaine). Conférence inaugurale, à Inverness en Écosse, en tant que « Visiting Professor » à l’Université des Hautes Terres et des Îles. Participation au festival poétique de St Andrews (entretien et lectures). Plus tard dans l’année participe au Festival du livre en Istrie (Croatie) avec une série de conférences, d’entretiens et de lectures sur le thème du nomadisme. Reçoit en Italie le prix Grinzane-Biamonti pour l’ensemble de son œuvre.
2009
Continue sa pratique de conférencier ambulant. En France, intervient à la bibliothèque municipale de Dinan, au festival du livre à Montpellier et à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand. À l’étranger, est invité d’honneur au festival du livre du Montenegro et donne des conférences à la bibliothèque nationale d’Écosse. Publie Les Affinités extrêmes, hommage à quelques écrivains de langue française (de Reclus à Saint-John Perse en passant par Breton, Cioran et quelques autres), mais qui est aussi une sorte d’autobiographie intellectuelle par personnes interposées. Ce livre recevra le Prix Maurice Genevoix de l’Académie française.
2010
Commence l’année en se cassant une jambe lors d’un phénomène rare en Armorique : la pluie verglaçante. C’est en descendant les marches extérieures de son atelier, en solide granit grossièrement taillé, une théière en terre japonaise à la main, qu’il a glissé, se cassant le fémur de la jambe gauche – mais sauvant la théière. Après dix jours à l’hôpital de Lannion, où il lisait Schopenhauer tout en écoutant les conversations des infirmières (qui, se souvenant du doigt de pied de La Maison des marées, l’accueillirent à bras ouverts), il a regagné Gwenved, où, après quelques séances de kinésithérapie, il a recommencé à circuler, clopinant d’abord autour du jardin, ensuite, au printemps, sur le chemin de Pors Mabo, qui ne lui avait jamais semblé aussi beau. Il profite de cet intermède pour étudier la structure osseuse, le mécanisme de la marche et la proprioception. En octobre, bien campé sur ses jambes, fait conférence et lecture à Saint-Brieuc dans le cadre de la présentation de l’exposition Monde ouvert.
2011
Publie simultanément La Carte de Guido, un pèlerinage européen (prose) et un nouveau recueil de poèmes, Les Archives du littoral, qui reçoit le Prix Alain Bosquet. Parcours de conférences et de lectures en Corse : Ajaccio, sur le nomadisme intellectuel, Corte, la géopoétique, Bastia, la politique et la culture, Bonifacio, une lecture de poèmes insulaires. D’autres conférences au Centre Européen d’Archéologie du Morvan (sur la géopoétique) ; à Pau sur « Voyage et écriture »; au Parc régional de la région de Narbonne sur « la marche des territoires »; invité d’honneur au festival Parole ambulante de Lyon. Séminaire sur la géopoétique à l’Université de Paris 3. Participe à un colloque au Centre culturel de Cerisy-la-Salle sur les « cultures alternatives » avec une présentation du mouvement géopoétique. Écrit le texte « Le territoire extrême » pour un album sur le Finistère en Bretagne. Finalise d’autres envois d’archives : documents en anglais pour la Bibliothèque nationale d’Écosse à Édimbourg, documents en français pour l’IMEC à l’Abbaye d’Ardenne près de Caen.
2012
Engagé dans un grand travail scriptoriaire sur le papier de l’artiste D. Rousseau. Ce sera Okeanos – une bible blanche, l’atlas d’une atopie, avec des lignes de terre et de mer. Tournée de conférences et de réunions dans le Tarn. Il annonce son intention de quitter la présidence de l’IIG. Conférences à Gênes, en Bretagne et en Normandie. Impliqué et évoluant dans un tourbillon de travail. O fortunatus ego qui in hoc loco vivo. (Kennetus Candidus)
2013
Publie une nouvelle édition de La Route bleue, et, en anglais, un recueil de ses poèmes Latitudes et Longitudes (Aberdeen), le premier depuis Open World (2003). Conférences : à Caen à l’IMEC (Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine) sur « Qu’est-ce que la littérature mondiale ? » & projection du film « Les Chemins du Nord profond » ; à Aberdeen ; à Grenoble (Université Stendhal) sur « Littérature et mondialisme » ; à Trouville sur « De la Seine au St Laurent » ; à Besançon à l’ISBA (Institut Supérieur des Beaux-Arts) sur « De Byzance à Besançon — art, pensée, culture » et à quelques séminaires, où on lui présente une édition originale de Birds of America d’Audubon. Exposition « Le Monde ouvert de Kenneth White » à Caen et Besançon. Déplacement à Paris pour une interview à la RT Suisse sur La Route bleue. Après vingt-cinq ans à la barre, il quitte la présidence de l’Institut. Il recommande Régis Poulet pour lui succéder. L’Assemblée générale donne son accord le 30 septembre. Fin décembre : temps tempétueux. La Bretagne courbe les épaules.
2014
Publie cette année-là : deux livres d’entretien, Une cosmologie de l’énergie et surtout Panorama géopoétique qui fait le point sur les divers géo- qui existent ; un waybook, Les vents de Vancouver sur son exploration de l’Alaska ; et deux livres d’essais, Investigations dans l’espace nomade et une réédition de la Figure du dehors. Dans son existence quotidienne, tout ce qu’il veut, c’est ce qu’un petit chat qu’il connaissait autrefois voulait. Colloque de géopoétique au Centre culturel canadien de Paris. Entretien sur Rimbaud pour France Culture. Grand invité Poésie au Festival du livre de Mouans-Sartoux. Il doit accomplir toute une géographie, une cosmographie, topologiquement, géopoétiquement.
2015
De quoi s’agit-il ? locus et focus. Publie simultanément deux gros livres d’essais, Le Gang du Kosmos, sur la poétique et la politique en Amérique, et Au large de l’Histoire, suite du Plateau de l’albatros. Conférences : à Metz et à Nancy. Voyage éclair à Paris pour le lancement d’un livre d’artiste, « Les derniers jours d’Audubon » avec Bernard Alligand. Séjourne à l’hôtel Stella où Rimbaud séjourna quelque temps en 1870. À l’assemblée générale de l’IIG où il est décidé de se séparer du Groupe de Québec, la Traversée, pour manque de compréhension à la fois de la relation Institut-Archipel et du concept de géopoétique. A Paris pour un colloque sur les rapports entre littérature et nature.
2016
Publie La Mer des lumières, un waybook sur ses séjours dans les îles de l’Océan indien. Au printemps, étudie, sans en démêler le plan, la construction par des pies de leur nid dans le cerisier. A Paris, à la Maison de la poésie, pour une discussion sur « Habiter poétiquement le monde » et au Centre Pompidou pour une conférence sur la Beat Generation. Conférence et lecture à Chartres. Reçoit pour l’ensemble de son œuvre la médaille d’or de la Renaissance française. Passe neuf jours entiers à un travail poétique de calligraphie sur les papiers de Dominique Rousseau pour un Opus Geopoeticum.
2017
Publie un livre d’essais, Lettres aux derniers lettrés, un waybook consacré à la France, La Traversée des territoires et des rééditions de Panorama géopoétique et de Dérives. Ouvre son Atelier atlantique pour une interview et un film. Conférences : au Havre ; à Cannes sur « La redécouverte des territoires ». Se rend à Paris pour une présentation et une dédicace du livre d’artiste réalisé avec Pierre Delcourt, « Terres ultimes ».
2018
Année riche en essais avec Un monde à part, cartes et territoires, un surprenant Borderland, ou la mouvance des marges et une réédition du Plateau de l’albatros, à quoi s’ajoute un nouveau waybook sur les « Isles de l’Amérique », L’archipel du songe. Colloque en Écosse (Glasgow et Édimbourg) sur son œuvre. Conférence de clôture du colloque sur Segalen au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle. Conférence à Pont-Aven : « De Paul Gauguin à la géopoétique ». Il note qu’il existe une certaine quantité de pré-géopoétique et de proto-géopoétique, sans parler de pseudo-géopoétique, qui circulent.
2019
Publie ce qui est peut-être son opus poeticum ultimum, son premier livre de poèmes depuis huit ans, Mémorial de la terre océane, mais également deux livres d’essais : Thoreau, compagnon de route et Les leçons du vent. Leçon inaugurale à Paris au colloque international « Altérité et pensée du dehors » à Sorbonne Université. Voyage à Lisbonne : conférence sur « La redécouverte du monde » dans le cadre du colloque « As Linhas da Terra », en hommage à son œuvre ; lectures, entretiens. De retour à Trébeurden, le malheur frappe. Il se manifeste d’abord par une toux violente, une perte d’équilibre et une chute dans l’escalier : fracture de l’os de l’épaule gauche. Il lui faudra du temps pour s’en remettre.
2020
Il vit dans un espace différent, et selon un rythme différent.
2021
Après le gros travail de traduction de l’autobiographie, il aurait dû prendre un peu de repos, mais il ne l’a pas fait. Déluge incessant de courriers, de demandes, de propositions, d’invitations. Il continue à pousser son travail vers des domaines de plus en plus subtils. Son monastère est au milieu des choses. En termes classiques, ce serait « La Maison du Chaos-Cosmos ». En termes extrême-orientaux, « La Demeure du Vide ». Au-delà de l’identité personnelle, le centre incandescent : à la fois concret et abstrait, à la fois existentiel et transcendantal. Ainsi, le travail continue, tandis que le monde plonge dans la réalité virtuelle. Année particulièrement abondante en livres : en plus de son autobiographie Entre deux mondes, il publie deux petits essais, une Biographie poétique de Gary Snyder et une Lettre ouverte du Golfe de Gascogne ; voit la réédition de son essai sur Hokusai ou l’horizon sensible et explore à sa façon la bande-dessinée avec La voie du vide et du vent. Parallèlement à l’édition en français, se poursuit l’édition de ses Collected Works (commencée aux Presses de l’université d’Aberdeen) par les Edinburgh University Press. Le premier volume, de récits, intitulé Underground to Otherground comprend Incandescent Limbo, Letters from Gourgounel et Travels in the Drifting Dawn. Le volume deux, composé d’essais, est intitulé Mappings: Landscape, Mindscape, Wordscape; il comprend On Scottish Ground, Ideas of Order at Cape Wrath et The Wanderer and his Charts. Ajoutez à cela un essai écrit avec le philosophe heideggerien Jeff Malpas, The Fundamental Field plus un regroupement de ses haikus et de ses essais sur cette forme poétique dans Eyes Wide Open — et vous aurez l’année la plus prolifique de White en matière de publication.
2022
Ces matins de janvier. Parfois, une épaisse brume gris-jaune. Parfois une irisation, comme la surface intérieure d’un coquillage océanique. Pour la seconde fois depuis des années, chute sur les marches de pierre qui mènent du niveau atelier au niveau cour. Quelques jours plus tard, le médecin dit qu’il n’y a rien de grave. Une contusion. Pas de fracture. Le lancement de l’édition rare des Cygnes sauvages a été un grand succès. Superconcentration, méditation sereine, contemplation calme. Le travail se poursuit sur plusieurs niveaux et plusieurs fronts.
2023
Grande retraite méditative sur la côte nord de la Bretagne. Il est né avec une énergie indéfinie qui a pris ses premières références et traits de l’Écosse mais que, sans jamais les oublier, il a dépassés et dépasse encore. Un autre malheur. En s’étirant pour attraper un livre, il a glissé sur des papiers et s’est cassé la figure. Cela a compliqué son agenda et dans un contexte plus large, ses plans. Publie au printemps un petit livre vif, Le mouvement géopoétique, ainsi qu’un entretien et continue à travailler à plusieurs livres et projets sur tous les plans. Il endure et il perdure. Écrit ses deux dernières conférences : « Sortir du labyrinthe » et « Une habitation atlantique » qui seront lues en son absence lors des premières « Rencontres géopoétiques Kenneth White » qui se sont tenues à Trébeurden quelques semaines avant sa disparition. Leur succès l’a grandement réjoui. On y annonça publiquement la transformation de Gwenved en maison d’artiste et d’écrivain d’un genre particulier. Il a tout poussé jusqu’au bout, au-delà de ce que l’humanité pensait être son orgueil : la colère du nationalisme, le mythe, la religion, la métaphysique, jusqu’au surnihilisme où le bel élément nouveau est apparu. Accompagné dans ses derniers jours par son plus proche compagnon de route, il meurt d’une récidive de cancer dans sa maison, en laissant cette épitaphe :
Kenneth White
poète mondial
d’origine écossaise
mort à Gwenved
catastrophiquement heureux
le 11 Août 2023