Le passage extérieur

Traduction Marie-Claude White

Le Livre

2005

Poèmes, édition bilingue
20,5 x 14 cm
256 pages
Livre broché
ISBN 9782070341511
Éditions du Mercure de France, Paris

La poétique de Kenneth White ouvre un espace en dehors non seulement des lieux communs et des codes, mais aussi des contextes que l’humanité s’est forgés pour se fournir un au-delà : la mythologie, la religion, la métaphysique et le sens de l’histoire, dont les restes, caricaturaux, servent toujours à donner une aura aux réalités dérisoires et à la déréalisation croissante d’un monde fermé sur lui-même et ses fantasmes. Ce que White entend par « passage extérieur » se dégage de manière diverse des quatre sections de ce livre : « Éloge de l’isolement », « Souvenirs de la province des pluies », « Le manuscrit des Mascareignes » et « Lettres du promontoire », où une méditation profonde s’allie à un humour… transcendantal. Dans tous les cas et dans tous les lieux évoqués dans ces « passages extérieurs », il est question de maintenir, face au théâtre du monde, une distance et un silence où l’être peut encore connaître une présence et une plénitude. Intellectuel nomade qui suit des circuits inédits, fondateur du mouvement géopoétique, Kenneth White vit actuellement, dans son « atelier atlantique », sur la côte nord de la Bretagne.

Présentation de l’éditeur.

Extraits

TONS

« Jouez ces vers

dans le ton tsing tse »

dit Confucius à ses élèves

« c’est le ton de la mélancolie »

« Qu’ils le fassent », pensa Tchouang tseu

en cheminant seul dans les collines

« mais il est un ton plus profond, plus obscur

il s’appelle le Ton de la Terre. »

p. 17

CHRONIQUE ORCHESTRÉE DE L’ÎLE

4.

Isolement

Être avec la terre, rien qu’avec la terre.

Ailleurs, tous les pièges de la pensée, toutes les fantaisies de l’imaginaire.

Connaître un monde débarrassé de la fiction, des bavardages et des commentaires.

Le rendez-vous radical.

Extrait p. 145.

LE CHEMIN DU CHAMANE

Salutation à l’ancêtre

1.

Je fus appelé dehors

le grand ciel m’a parlé

le bois noir m’a parlé

le feu m’a parlé

je fus appelé dehors

je n’avais nulle envie de partir

une fille commençait à me sourire

je n’avais nulle envie de partir

mais je fus appelé dehors

j’ai jeûné neuf jours

et puis neuf jours

puis encore neuf jours

j’ai vu la lune croître et décroître

j’ai vu le sentier du vent

j’ai vu une rivière dans le ciel

j’ai vu un vol d’étoiles bleues

j’ai vu une mer

brumeuse et laiteuse

et des îles peuplées d’oiseaux

Extrait pp. 196-7.

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