Récits

Le visage du vent d’est

Errances asiatiques

Traduction Marie-Claude White

Le Livre

2007

Récit
18 x 11 cm
288 pages
Livre broché
ISBN 9782226178350
Première édition : Les Presses d’Aujourd’hui, 1980
Éditions Albin Michel, Paris

Prenant pour point de départ le monde flottant de Hong Kong, ce livre avance dans la mer de Chine du Sud pour aborder Macao et Taiwan, avant de pénétrer en Thaïlande. C’est donc un livre de voyage. Mais si, en naviguant de territoire en territoire, de lieu en lieu, Kenneth White garde tous ses sens en éveil, le voyage, tel qu’il est compris et pratiqué ici, ne se limite pas à la géographie ni à un compte rendu impressionniste. Il se nourrit de culture ancienne et contemporaine, et aborde aux rivages de la contemplation. Ces errances orientales sont superbement écrites, dans la prose d’un poète alliant clarté et intensité, où la drôlerie côtoie la méditation, et où la pensée vagabonde dans une ouverture totale au monde.

Présentation de l’éditeur.

Extrait

 Le « visage du vent d’est » est une ancienne expression chinoise pour désigner la réalisation du Tao. « Si tu reconnais le visage du vent d’est, dit Tchou Hi, chaque fleur est le printemps. » Et Lao Tseu, parlant de la région où souffle le « vent d’est », dit : « Impossible à définir, on l’appelle la forme du sans forme, et l’image de ce qui n’a pas d’image. » […] Vivre le plus possible en dehors des contextes établis, prolonger le plus possible mes racines, c’est de cela, au fond, qu’il est question dans mes pérégrinations. Il ne s’agit pas, dans l’art tel que je l’entends, de faire des inscriptions, si belles soient-elles, sur des monuments anciens, ni même d’élever un monument nouveau : il s’agit, en « s’écrivant » d’aller jusqu’au bout du chemin et de voir le visage du vent. Alors, mettons-nous en route. Oublions (sans les oublier) les textes et les disciplines sédentaires, et « sortons nos souliers de marche », sachant que nos maîtres là-bas sur la route pourront être, comme l’a dit un sage indien, « le vent et la putain, la vierge de l’enfant, le lion et l’aigle » – je dirais volontiers, pratiquement n’importe quoi, animé ou inanimé. Quand le moine demanda au maître : « Qu’est-ce que le Tao ? », la réponse fut : « Va ! » Où que nous allions, nous allons chez nous.

Préface de l’auteur [extrait].

Revue de presse

Contrairement à d’autres récits de cheminement de l’auteur, ce livre-ci embrasse assez large, dans le sens où plusieurs pays sont concernés par ces « errances asiatiques ». Le sud-est asiatique est ainsi parcouru les voiles au vent d’est, de Taïwan à la Thaïlande en passant par Hong Kong et Macao. Certes, dira-t-on, mais hormis le pays des Sourires, on reste en Chine. Voire ! Tout en étant dans la même aire et baignés par la mer de Chine, Hong Kong, Macao et l’île de Taïwan en représentent des aspects très différents. Mais Kenneth White coupe court à ces considérations en rassemblant ces divers lieux sous l’égide du Tao. En effet, comme il s’en explique dans sa préface, « le visage du vent d’est est une ancienne expression chinoise pour désigner la réalisation du Tao ». En usant de cette périphrase pour parler du Tao, Kenneth White essaie de couper court à toute rêverie orientalisante tout en le restituant dans son contexte culturel. Car il suffit que soient lâchés « Lao-tseu », « Tao tö-king » ou « Yin Yang » pour que la cohorte malfaisante des idées préconçues relatives à ces éléments du taoïsme fassent non seulement écran mais l’enferment dans les catégories traditionnelles de la métaphysique occidentale que sont l’être et le néant, le principe de non-contradiction, et même, pour couronner le tout, le Mal et le Bien. Aussi le pérégrin s’attache-t-il à l’esprit du taoïsme, c’est-à-dire à ce qu’il y a de spéculation philosophique, de réflexion esthétique en lui, tout en considérant la religion taoïste avec une curiosité mêlée d’ironie. Le maître-mot restera cependant l’ouverture…

Régis Poulet

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