Lies rives du silence

Traduction Marie-Claude White

Le Livre

1997

Poèmes, édition bilingue
20,5 x 14 cm
312 pages
Livre broché
ISBN 9782715220485
Éditions du Mercure de France, Paris

Kenneth White a élaboré une oeuvre poétique et théorique que l’on s’accorde à considérer comme une des plus significatives de l’époque.Dans cette oeuvre en cours, Les rives du silence constitue une étape importante, un cheminement géopoétique à travers le monde.Si, parmi les lieux qui jalonnent l’itinéraire du livre et qui figurent sur sa cartographie de l’espace, où le nord et le sud, l’ouest et l’est se rejoignent, la côte est privilégiée, c’est qu’il s’agit ici d’une logique des limites, d’une situation aux frontières de l’esprit et du temps.Le langage aussi touche à son aire extrême, où l’être humain se retrouve face à l’univers, en dehors à la fois des commodités usuelles et de toute rhétorique.On suit les contours de la terre, en vue d’un monde inédit. Monde premier, monde dernier ? – il est difficile de le dire. Mais dans le silence qui suit la question, et où éclate parfois le cri d’une mouette rieuse, se vit une plénitude.

Présentation de l’éditeur

Extrait

LE TESTAMENT D’OVIDE

Sur les rives de la mer noire

premières années de notre ère

Et l’on m’a jeté sur la côte des Scythes…

au début j’ai eu du mal à m’y faire

pensez

un des écrivains les plus en vue de Rome

Publius Ovidius Naso

ami d’Horace et de Properce

membre de l’Académie

seul parmi les barbares

sur les rives brumeuses et froides

de l’impossible mer Noire

j’ai craché ma colère :

l’odeur des cochons et du varech

offensait mes délicates narines —

j’ai griffonné des élégies

de beaux discours ornés

rien n’y fit…

mais, c’est étrange, le temps passant

l’exil commença à me plaire

privé de mon public et de ma clique

sans personne pour m’applaudir

et encourager mon capricieux talent

j’avais tout loisir

d’explorer les galeries obscures

de mon génie profond

Extrait pp. 199-200.

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