Portrait de Kenneth White
à grands traits
Né en Écosse, installé en France depuis 1967, Kenneth White se dit Écossais d’origine, Français d’adoption, Européen d’esprit, mondial d’inspiration.
Auteur d’une œuvre à multiples facettes, il a été marqué profondément par deux choses : ce qu’il a appelé les « fournaises de la ville » et le « monde blanc » des espaces naturels. D’un côté Glasgow, grand port international et ancien haut lieu de la révolution industrielle, où il a passé les premières années de sa vie, dans un milieu ouvrier. De l’autre le village sur la côte atlantique de l’Écosse, où son père, signaleur des chemins de fer, s’est fait muter pour installer sa famille dans un environnement plus favorable.
Le jeune Kenneth est très tôt attiré par la nature qui l’entoure, parcourant le rivage et « chamanisant » tout seul sur les landes et dans les bois de bouleaux de l’arrière-pays. Adolescent, tout en continuant à arpenter rivage et landes, il devient un lecteur vorace. Il s’initie à la géologie, à l’ornithologie, à l’archéologie de son territoire, et lit des auteurs proches de la nature, tels que Henry Thoreau, Gilbert White, John Muir et John Ruskin. Plus tard, étudiant à l’université de Glasgow, où il est inscrit en langues anciennes, langues modernes (français et allemand) et philosophie, il se plonge dans l’histoire des villes et des civilisations, à travers les grands historiens, et se délecte de lectures citadines allant de Baudelaire à Dostoïevski qui font écho à sa propre expérience sur les trottoirs de sa ville natale.
Étudiant très individualiste, White interrompt le cursus normal de ses études pour aller passer une année en Allemagne, à Munich. Mais, après son retour, il a de plus en plus les yeux tournés vers la France, convaincu qu’avaient eu lieu en France des avancées de l’esprit que ne connaissaient ni les pays anglo-saxons, ni l’Allemagne d’après-guerre. De sorte que, dès ses diplômes obtenus, muni d’une bourse d’études, il part, non pas pour Oxford ou Cambridge, mais, sans hésitation aucune, pour Paris. Et s’il a commencé à écrire à Glasgow, c’est à Paris qu’il publie ses premiers écrits, tôt remarqués par, entre autres, André Breton, qui y reconnaît un « haut accent de nouveauté ».
Ce sera le début d’une œuvre complexe, écrite en partie en anglais et en partie en français, qui s’exprime à la fois par le récit autobiographique (voyages, vie en divers lieux), l’essai et le poème. Quant au style, il se veut toujours à la fois naturel et accessible, sans afféterie, sans maniérisme, sans jargon intellectualiste.
L’œuvre de White dans son ensemble est caractérisée par un va-et-vient entre l’espace fermé des villes et l’espace ouvert non codé. De la partie citadine de ses origines sont nées une critique sociale et culturelle radicale et la recherche d’éléments essentiels puisés à la fois dans les cultures du monde et dans l’expérience directe des paysages. C’est tout cela qui est impliqué dans ce qu’il appelle le nomadisme intellectuel. De son expérience précoce et prolongée de la nature est née la conviction que, sans contact avec le non-humain, la vie humaine s’étiole, se détériore. C’est cela qui a donné lieu au deuxième grand thème général de cette œuvre, à savoir, la géopoétique.
Ajoutons pour compléter cette esquisse préliminaire qu’à son activité centrale d’écrivain, White a toujours joint un activisme qui, en plus de ses fonctions d’enseignant dans plusieurs universités en Écosse et en France (il a toujours considéré son enseignement comme la prolongation orale de son travail d’écrivain), l’a amené à créer ici ou là des groupes de réflexion et d’action, dont l’Institut international de géopoétique, fondé en 1989, peut être considéré comme l’aboutissement.
Les livres de Kenneth White, écrits tantôt en français, tantôt en anglais (les livres écrits en anglais existent pour la plupart en version française), ont été traduits dans diverses langues : allemand, italien, espagnol, portugais, néerlandais, bulgare, serbo-croate, macédonien, polonais, turc, russe.
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