Les affinités extrêmes

Le Livre

2009

Essai
22,5 x 14,5 cm
224 pages
Livre broché
ISBN  9782226190765
Éditions Albin Michel

Si Kenneth White sait traverser des territoires et habiter pleinement la terre, c’est aussi un aventurier de l’esprit qui évolue dans les espaces mentaux les plus exigeants, les plus rares – et les plus vivifiants.
Il évoque dans cet essai littéraire aussi passionné que poétique son rapport personnel à quelques écrivains de langue française dont Breton, Michaux, Céline, Cioran, Segalen…, qu’il estime être parmi les plus libres et les plus stimulants de cette fin de modernité : prosateurs hors des limites du roman, poètes qui dépassent la philosophie.
L’ensemble prend des allures de ce que White, styliste de talent et démocrate radical de toujours, appelle un« manifeste anti-médiocratie ». Loin de tout dogmatisme, étranger aux modes intellectuelles de ce siècle débutant, ces Affinités extrêmes sont avant tout un guide d’indépendance d’esprit.

Présentation de l’éditeur.

Extrait

J’en arrive à la question de l’expression, à la poétique même, aux formes et aux forces de ce que j’aimerais appeler la « grande prose ».
Apollinaire demandait qu’on lui pardonne de ne plus connaître l’ancien jeu du vers. Quand Cendrars compose ce qui constitue sans doute le poème-manifeste du XXe siècle, il l’intitule « La prose du transsibérien ». Depuis Baudelaire et Rimbaud, une poésie qui se débarrasse de la Poésie redécouvre le prosaïque, et plus précisément ce que Merleau-Ponty, dans la lignée de la phénoménologie, appelle « la prose du monde ».
Perse se situe, et puissamment, dans cette mouvance. « Je t’ai pesé, poète, et t’ai trouvé de peu de poids. » Dans l’œuvre de Perse, le poète « sort de ses chambres millénaires », laisse aux « hommes de talent » le « jeu des clavecins », et, reprenant « le rôle premier du shaman », « monte aux remparts », en compagnie du vent. Il s’agit de retrouver l’équivalent des « grands ouvrages de l’esprit », de ces « grands textes épars où fume l’indicible » : « Les grands livres pénétrés de la pensée du vent, où sont-ils donc ? »

Extrait de Saint-John Perse, la grande dérive.

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